SEGLE, ou SEIGLE. subst. masc. Grain propre à faire du pain. Il est plus maigre que le froment. Le pain de seigle tient le ventre lasche. Le segle a le tuyau plus long que les autres bleds. La paille de segle sert à faire les liens des gerbes. Le segle se bat sur le poinçon. Les poules ne mangent point de segle. Le bled meteil est moitié segle, & moitié froment. Quelques-uns croyent que ce mot vient du Latin siligo, qui étoit le bled dont on faisoit le pain le plus exquis au goust des Romains : ce qui a de l'apparence, en ce que Pline dit que tout bled au bout de deux ou trois ans dans les bonnes terres se convertit en segle ; & l'on esprouve icy que les plus beaux froments bisent toûjours, & qu'il s'en convertit une partie en segle : mais sur l'estime du bled, & le goust du pain, on n'est pas d'accord avec les Romains. Menage derive ce mot de secala, & en un autre endroit de sigele, qui a esté fait de secale, dont parle Pline.

Il y a aussi du seigle blanc, qu'on appelle en Latin olyra, qui est une espece d'espeautre. Pline le distingue du seigle qu'il appelle farrago. Ce bled est plus nourri & plus espais que le bled rouge & barbu qu'il appelle far.

Il y a du segle qui degenere, dont les grains sont noirs en dehors, assez blancs en dedans ; & quand ils sont secs, ils sont plus durs que les grains naturels. Ils n'ont point de mauvais goust, & ils s'allongent beaucoup plus dans l'espi que les autres. Il y en a quelques-uns qui ont jusqu'à 13. ou 14. lignes de long sur deux de large, & l'on en trouve quelquefois sept ou huit dans un même espi. En Sologne on appelle ces grains des ergots, & en Gastinois du bled cornu.

On dit proverbialement, quand on a bien battu quelqu'un, qu'on l'a battu comme segle verd, parce qu'en cet estat le segle sort difficilement de l'espi.