subst. fem. Plante qui porte une petite fleur printaniere ronde & meslée de blanc & de rouge. La marguerite a des feuilles estroites à leur issuë, & larges à la cime, rondelettes, dentelées, & couchées par terre en rond comme une rouë, & qui ressemblent à celles du senesson. Elle jette d'une seule racine plusieurs tiges hautes d'une coudée, rondes & fortes, Elles portent à leur cime des fleurs plus grandes que celles de la camomille ou matricaire durant tout l'Esté, jaunes en dedans, & blanches en leur circonference. Mathiole, qui en fait trois especes, appelle celle-là la grande. La Moyenne croist dans les prez, & a ses fleurs & ses feuilles semblables, mais plus petites & moins dentelées, & ses tiges plus souples de la hauteur d'un palme. La plus petite croist dans les jardins, dont les especes sont distinguées par le nombre de ses feuilles, ou la couleur de ses fleurs. Il y en a de jaunes au milieu, environnées de feuilles rouges ; d'autres rouges au dedans, & blanches alentour. On en trouve même de garnies de feuilles si bigarrées, qu'elles ressemblent à des flocs de soye. On les appelle autrement paquettes, & en Latin bellis ou belluis.

On appelle proverbialement les Marguerites Françoises, un Livre qui contient les plus beaux compliments qu'on faisoit au siecle passé, & qui sont mesprisez, parce qu'ils sont devenus trop communs, ensorte qu'on les appelle aussi les compliments de la Place Maubert : En leur donnant le nom de marguerites, on a fait allusion aux fleurs de Rhetorique. On dit aussi, Jetter des marguerites devant les pourceaux, pour dire, Parler de belles choses devant des gens qui les mesprisent, parce qu'ils ne s'y connoissent pas. En ce sens on fait allusion au mot Latin margarita, qui signifie, grosse perle.