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Catégorie : Blason
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s. f. Terme de Blason. Ce mot se dit en general des chiffres, des caracteres, des Rebus, des sentences de peu de mots, & des proverbes, qui par figure ou par allusion avec les noms des personnes, ou des familles, en font connoistre la noblesse ou les qualitez. La devise en ce sens est d'un usage bien plus ancien que le Blason, & c'est d'elle que les Armoiries ont pris leur origine. Ainsi l'Aigle a été appellée la devise de l'Empire. Le S. P. Q. R. étoit la devise du peuple Romain, qui est encore aujourd'huy ce qui compose l'Escu de la ville de Rome. Les premieres devises ont été de simples lettres semées sur les bords des cottes d'armes, sur les houssures & dans les bannieres. Ainsi le K a été la devise de nos Rois nommés Charles, depuis Charles V. jusqu'à Charles IX. Il y a eu aussi des devises par Rebus, équivoques ou allusions tant aux noms, qu'aux armes. Messieurs de Guise ont pris des A dans des O, pour signifier, Chacun A son tour. La maison de Seneçay, In virtute & honore senesce. Morlaix, S'il te mord, morlés. Ceux qui ont eu des tours dans leurs Armoiries, Turris mea Deus, &c. Il y en a eu d'autres énigmatiques ou à demi-mot, comme celle de la Toison d'or, Autre n'auray, pour dire, que Philippes le Bon qui institua cet Ordre, renonçoit à toute autre femme qu'à Isabelle de Portugal qu'il espousoit alors. Les devises contiennent quelquefois des proverbes entiers & sentences, comme celle de Cesar Borgia, Aut Caesar, aut nihil. On met les devises des Armes dans des rouleaux ou listons tout autour des Armoiries, ou bien en cimier, & quelquefois aux costez & au dessous, & celles des Ordres sur leurs colliers.

DEVISE, en termes de Blason, se dit de la division de quelques pieces honorables de l'Escu. Quand une fasce n'a que la troisiéme partie de sa largeur ordinaire, elle s'appelle fasce en devise, ou devise seulement ; & il n'y en doit avoir qu'une en un Escu. On le dit aussi du chef, lors qu'on le pose en sa partie basse, & qu'il n'a que le tiers de sa largeur ordinaire ; & alors on l'appelle chef du second surmonté ou chargé de tant d'estoiles, de mollettes, ou autres meubles semblables. Ce mot de devise s'est dit, parce qu'elle servoit à diviser, à separer & à remarquer les gens & les partis ; ce qui se faisoit par les habits, les livrées, les escharpes, & enfin par les paroles ou sentences particulieres que les Chevaliers prenoient pour se faire remarquer. On les a ensuite posées sur les Escus, d'où sont venuës insensiblement les Armoiries. On disoit en vieux François, Faire sa devise, pour dire, Faire son testament ou la division de ses biens, comme on voit dans Villehardouin.

On a appellé aussi autrefois devise, les robbes de deux couleurs, comme sont celles des Maires & Eschevins, & des Huissiers & Bedeaux des villes, des Parroisses & des Communautez de Marchands ; & cela par la même raison qu'elles étoient divisées en deux couleurs.

DEVISE, se prend maintenant en un sens plus estroit, & signifie une embleme qui consiste en la representation de quelque corps naturel, & en quelque mot qui l'applique en un sens figuré à l'avantage de quelqu'un. Le tableau s'appelle le corps, & le mot l'ame de la devise. On met des devises sur les monnoyes, sur les jettons, sur les Escus des Cavaliers, dans les ornements des arcs de triomphe, de feux d'artifice, & autres solemnitez. Les devises sont des especes d'images qui representent les entreprises de guerre, d'amour, de pieté, d'estude, d'intrigue, de fortune, &c. Les François sont les premiers qui ont fait des devises, & les Italiens les premiers qui en ont donné des regles. Les Peres Menestrier & le Moine Jesuïtes ont écrit de l'art des devises.