s. m. Terme de Joüaillier. La plus dure, la plus brillante & la plus precieuse de toutes les pierreries. Un diamant brut est celuy qui n'est point encore taillé. Trois choses font estimer le diamant, son éclat ou son lustre qu'on nomme son eau, son poids ou sa grandeur, & sa dureté. Sa couleur la plus parfaite c'est le blanc. Il faut qu'il soit espais, quarré, & haut de biseau. Ses deffauts sont d'être glaceux, sourd, & remply de sable rouge, ou de tirer sur l'azur ou le jaune brun. Il a cela de particulier, que quand le Soleil donne dessus, il jette autant de rayons qu'il a de faces, & tous de differentes couleurs, rouge, verte, jaune & bleuë. Le prix des diamants se suppute selon leur poids, qui est mesuré par des carats, dont chacun pese quatre grains. La terre où viennent les diamants est sablonneuse. Il y a plusieurs roches qui ont des veines d'environ un doit de large, d'où les mineurs avec des fers crochus tirent le sable, parmy lequel se trouvent les diamants, quand on l'a bien lavé. La plus belle mine de diamants est à Raolconda dans les terres du Grand Mogol. La mine des diamants a été trouvée par hasard par un Berger, qui ayant donné du pied contre une pierre qui luy parut avoir quelque éclat, la vendit pour un peu de ris sans la connoistre. Cette mine est à 108. milles de Masulipatan. Il y a 30. mille hommes qui y travaillent, & deux fois autant qui y trafiquent. On en paye au Roy 300. mille pagodes de ferme, qui outre cela se reserve tous les diamants qui passent dix carats. Il n'y a dans l'Orient que quatre mines & deux rivieres d'où l'on tire des diamants, & ce sont les seuls lieux du monde où l'on en trouve. C'est dans les Royaumes de Golconda & de Visapour où sont ces mines, & non point chez le Grand Mogol. Ces rivieres sont dans le Royaume de Bengala & dans l'Isle de Borneo. Les plus belles pointes de diamant s'appellent pointes naïves, qui viennent dans la riviere de Gouël dans le Royaume de Bengala.

Le plus beau diamant qu'ait le Grand Mogol pese 279 9/16. de carats, & vaut onze millions sept cens vint-trois mille deux cens soixante-&-dix-huit livres 14. s. 9. d. & celuy du Grand Duc de Toscane pese 139 1/2 carats, & vaut deux millions six cens huit mille trois cens trente-cinq livres, suivant la regle de la supputation de la valeur des diamants que rapporte Tavernier en ses Voyages. Le diamant de Sanci tant vanté autrefois pesoit 100. carats, étoit de la grosseur d'une amande, & taillé à facettes.

Il y a aussi de faux diamants, comme ceux d'Alençon, qui croissent en un village nomme Hertré à deux lieuës de la ville, dans un terroir sablonneux & plein de roches, dont les pierres sont fort dures & grises, & le sable fort luisant. On en trouve de la grosseur d'un oeuf & plus ; & il y en a de si nets & de si brillants, qu'ils ont trompé quelques Lapidaires. Il y en a aussi de factices, comme ceux du Temple.

C'est une erreur populaire de croire que le diamant s'amollisse avec du sang de bouc tout chaud, comme aussi de croire, ainsi qu'ont fait les Anciens, qu'il resiste au marteau. Un Orfevre en cassera tout autant qu'on en voudra payer. Mais il resiste au feu le plus violent. Louïs de Berquen est le premier qui a trouvé l'invention de les tailler & de les polir avec la poudre de diamant en l'an 1476. selon que l'a escrit Robert de Berquen son petit-fils. Il dit qu'auparavant on les portoit bruts. La pointe du diamant couppe le verre. La poudre de diamant est un poison, parce qu'elle perce les boyaux. Les Orfevres font des croix, des roses, des chaisnes, des boutons de diamants, &c. Les diamants ne brillent point, à moins d'estre taillez à facettes, & d'estre garnis d'une lame qui puisse reflechir une lumiere. Voyez Rohault. Quelques-uns pretendent que ce mot est venu par corruption d'adamas, nom que les Grecs ont donné au diamant, & qui signifie indomtable, parce qu'ils croyoient alors qu'il resistoit au fer & au feu.

On dit proverbialement, quand on veut promettre une grande recompense à quelqu'un, qu'on luy donnera une poignée de diamants.